Notre 3/4 aile Siréli Bobo souhaite ses 40 ans aujourd'hui !

Retrouvez le portrait de ce joueur atypique paru hier dans le Journal l'Equipe  :

 

 

Retrouvez aussi les moments fort de la carrière de Siréli dans un sujet dans l'Equipe.fr:

 

Le long périple de Sireli Bobo



Figure du Top 14, le Fidjien Sireli Bobo fête ce jeudi ses quarante ans, une rareté pour un trois-quarts. Le joueur de Pau raconte son itinéraire, de ses débuts au Portugal en 1998 à son arrivée dans le Béarn, en début de saison.

1998-1999 : Cascais (Portugal)

«J'avais trop froid»

«J’ai quitté les Fidji en 1998 pour le Portugal. C’était à Cascais, à l’est de Lisbonne. J’ai passé une saison là-bas. Aux Fidji, le rugby est le sport numéro un mais ce n’est pas un sport pro, on n’est pas payé. Je n’étais pas rugbyman professionnel au Portugal non plus mais ce contrat a été le point de départ de ma carrière. On s’entraînait le soir. J’ai vraiment souffert lors des entraînements nocturnes quand l’hiver est arrivé. J’avais trop froid. C’était ma première expérience hors des Fidji. La nourriture, le cadre et le style de vie, les bords de mer étaient agréables. Mais j’avais 21 ans, j’étais seul, loin de ma famille, j’avais le mal du pays. Je jouais deuxième ligne et numéro 8. Je sortais de quatre saisons comme deuxième ligne au Fidji avec mon club, le Vatukoula Old Boys, en moins de 21, 22 et 23 ans. Puis en équipe première, quand j’ai été pris à 7 en équipe nationale, je jouais pilier et j’ai été capitaine pendant plusieurs saisons.»

2000-2002 : Madrid

«Qui est ce Fidjien »

«Les dirigeants du Canöé Madrid m’ont vu lors du Tournoi à 7 de Madrid et ont demandé : "Qui est ce Fidjien? Il est rapide!" On a gagné le Tournoi et ils sont venus me voir pour me proposer un contrat de deux ans. C’est là qu’on m’a mis à l’aile. On a gagné la Coupe du Roi deux saisons de suite. Ils m’ont alors proposé un nouveau contrat de quatre saisons, mais je leur ai dit non. C’était ma première expérience dans une très grande ville, moi qui venais d’un petit endroit. Je leur ai dit : "Je dois rentrer à la maison."»

2002-2003 : Redrock Rugby Club Qauia à Suva (Fidji)

«Travailler et m'entraîner dur»

«Je suis rentré chez moi car j’avais un plan en tête : travailler et m’entraîner dur aux Fidji pour regagner ma place en équipe nationale à 7. Si je rejouais les tournois du circuit mondial, d’autres clubs européens viendraient me voir et ça me donnerait de meilleures opportunités qu’en Espagne. J’ai donc joué au Red-Rock Rugby Club à Suva, où j'étais capitaine. J’ai regagné ma place en équipe nationale à 7. Après le Tournoi de Wellington, j’ai fini meilleur marqueur d’essais. L’entraîneur de Wellington cherchait un ailier et même si Canterbury aussi m’a fait une proposition, j’ai dit oui à Wellington.»

2003-2004 : Wellington Hurricanes (Nouvelle-Zelande)

«J'ai côtoyé Conrad Smith»

«Je suis reparti un peu aux Fidji, puis je suis revenu à Wellington. Ils voulaient me voir davantage. J’ai joué tous les matches amicaux et ils étaient contents. Et j’ai joué une partie du Super Rugby avec les Hurricanes, où j’ai côtoyé Conrad Smith d’ailleurs, que je retrouve à Pau! Puis, de août à octobre 2004, j’ai fait le NPC (le Championnat des provinces néo-zélandaises) avec Wellington. Ils voulaient me faire signer deux ans de plus. Mais...»

Décembre 2004-mai 2005 : Overmach Parme (Italie)

«J'ai demandé son avis à ma femme»

«...mais Manoa Vosawai, Fidjien et ancien numéro 8 de l’équipe d’Italie, m’a appelé et m’a dit que Parme était intéressé pour me prendre comme joker médical. D’un côté, j’avais une proposition de contrat de deux ans aux Hurricanes et de l’autre, une proposition de six mois en Italie. J’ai demandé son avis à ma femme. Mais je lui ai dit que je préférais l’Italie. Toujours mon plan : "Si je vais en Italie, je pourrai saisir ma chance. Peut-être que le Championnat est plus relevé et que j’aurai d’autres opportunités, peut-être en France." Après Parme, j’ai joué trois matches avec les Barbarians Britanniques à Londres, et c’est là que Nigel Geany, un agent néo-zélandais qui a joué en France (Bourgoin), m’a vu. Et il m’a mis en contact avec Biarritz.»

2005-2007 : Biarritz

«Le Bouclier!»

«Biarritz, ah oui, Biarritz...(Il fait mine de réfléchir.) Le Bouclier! (En Français.) Une jolie ville. Pourquoi partir? Pour l’argent? Euuuh... Vous pouvez l'écrire! C’était une belle opportunité. Biarritz me proposait trois ans de plus. Mais en tant que joueur professionnel, j’ai fait le choix financier d’aller au Racing- Métro, je savais que n’allais pas rester pro cinquante ans!»

2007-2013 : Racing-Métro 92

«C'était trop gros pour moi»

«C’était bien, je vivais à Antony (Hauts-de-Seine). D’ailleurs, mon deuxième fils est né là-bas. Il s’appelle même Sireli Antony Ward Bobo. Mais la région parisienne, les embouteillages, c’était trop gros pour moi! Je préfère les petites villes.»

Septembre 2013-janvier 2014 : Osaka (Japon) puis La Rochelle

«Je voulais finir au Japon»

«J’étais au NTT Dokomo, à Osaka. Là-bas, je suis devant la télé et je regarde le tournoi à 7 de Wellington et je vois Levani Botia. Je le connaissais de réputation, comme joueur et capitaine de l’équipe nationale à 7, mais pas personnellement. Je le regarde jouer attentivement et je me dis : "Je crois que je devrais aider ce gars à trouver quelque chose." J’ai envoyé un SMS à Patrice Collazo, l’entraîneur de La Rochelle, avec qui j’avais joué au Racing-Métro :

"Je suis au Japon et là, je vois jouer un mec à 7. Si tu as besoin d’un joker médical...Si tu lui donnes une opportunité, il ne te décevra jamais...

- Il joue où?

- Pour l’équipe nationale à 7.

- Oh! Non, non, non..."

Il a réfléchi et il m’a dit : "Je prends Botia mais j’ai besoin d’un joker médical à l’aile et je te veux toi." Je voulais finir ma carrière au Japon mais je n’ai pas suivi mon plan... J’ai aidé beaucoup de joueurs : j’ai amené Timoci Matanavou (Mont-de-Marsan et maintenant Toulouse), c’est mon cousin. J’ai amené Ilikena Bolakoro (Biarritz et maintenant Colomiers), Virimi Vakatawa (Racing 92, équipe de France à 7), Levani Botia (La Rochelle). Juste pour les aider. Parce que l’un de mes objectifs avant que je finisse ma carrière, c’est d’aider le plus de joueurs fidjiens possible à venir en France. Chez nous, nous n’avons pas grand chose mais nous avons le talent.»

Mars 2014-juin 2015 : La Rochelle

«Pour aider Levati»

«Ma famille est repartie aux Fidji. Comme Patrice m’avait dit qu'il prenait Botia si je venais aussi, je suis donc revenu pour aider Levani. Je suis arrivé en Pro D2, on est monté, et Patrice m’a proposé de rester pour la saison du retour en Top 14.»

Août 2015-novembre 2015 : Toulon

«Je suis toujours là...»

«J'y suis allé comme joker Coupe du monde. Là- bas, le médecin m’a dit : "Tu n’as jamais eu de grosses blessures, pas de grosses opérations? C’est bizarre..." Et je suis toujours là...»

Depuis novembre 2015 : Pau

«Tant que mon corps est comme ça...»

«Je suis venu comme joker médical de Mathieu Acebes, puis j’ai prolongé jusqu’en fin de saison comme joker médical de Taniela Moa. Où je serai la saison prochaine? Je ne sais pas. A Pau? Ça dépend des dirigeants, de Simon Mannix (l'entraîneur). Tant que mon corps est comme ça, pourquoi ne pas continuer? Ici ou ailleurs...»